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Splaoutch !

28 août 2018

06 !

« Non mais, il rêve… Il n’a pas fini sa crise d’adolescence ». Famille. 1988.

 

ooooOOOOoooo

 

L'année 1989 est bien commencée. Je travaille, et je suis payé pour ce travail. C’est ça : être adulte ?

Avril-mai : une « Super production ».

Fin juin : Je vis (enfin !...) avec la femme de ma vie.

En septembre, le directeur du C.D.N. me propose un nouveau rôle. Celui d'un... mage, sage sous une tente berbère, en plein désert. Le bon vieux « grand-père » qui lègue en héritage, à la fin de sa vie, son expérience à son fils spirituel. Etonné d’une telle proposition, j'accepte quand même. Je ne veux surtout pas passer à côté de 4 mois de salaire. Et puis, le directeur et non moins metteur en scène doit savoir ce qu'il fait. Il prend ses responsabilités.

Comment puis-je jouer un grand-père à mon âge ? Et Berbère par dessus le marché ! En fait, j’ai peut-être un côté « père de famille » qui doit rassurer. Mais le côté Berbèer : je vois pas. A 27 ans, je suis perplexe. D’autant plus que j’élève maintenant trois enfants. Un signe…

Non content de dompter mes origines d’homme du Nord, il me colle dans les mains une mandoline. Je passe mes vacances d’été dessus à faire « dong-dong » ! Il y a 4 doubles cordes sur une mandoline. Bref, 3 semaines de répétitions à apprendre, à ralentir mes gestes, faire en sorte que le personnage soit un peu crédible.

Bien qu’ayant pris un peu de soleil cet été, je suis toujours très « blanc » de peau. 3 mois et demi de tournée, une centaine de représentations. Un beau souvenir. Des rencontres sur les chemins : Ronny Coutteure dans une station d’autoroute du côté de Lyon, Jérôme Deschamps et sa bande au théâtre municipal de Sète, Catherine Le Forestier un peu plus tard, dans un café en face du théâtre… Souvenirs...

Cependant, tout là haut, les choses se précisent. V.G et « l’autre comédien » sympathisent et… complotent. Au début, je n’y prends pas garde. En fait, je n’y crois pas… Au complot. Mais, je sais bien, au fond de moi-même, qu’il se prépare minutieusement. V.G me demande, dans un premier temps, de confier la paperasse de la compagnie à « l’autre comédien ».

- «  Ben oui, dit-il, tu travailles maintenant. Tu ne peux pas tout faire. »

J’obtempère. J’ai encore des relents nauséabonds de répétitions passées. J’aimerais éviter que cela se reproduise. Et puis, c’est vrai, qu’étant en tournée, il m’est difficile de gérer la compagnie. Tout se passera désormais très vite.

V.G me demande de faire démissionner « mon » Conseil d’Administration (C.A. totalement allié à ma cause. Cela se comprend puisque je suis le créateur de la compagnie…) pour, dit-il, en élire un autre complètement neutre, re-dit-il, étant donné les « millions » que nous aurons à gérer.

J’obtempère.

Un peu plus tard, le nouveau bureau de l’association est composé, présentement, à la présidence du beau père de V.G, à la trésorerie de la future belle mère de « l’autre comédien » et au secrétariat du beau frère de V.G.

Je n’ai, désormais, plus aucun appui au sein de l’association et, par conséquent, plus aucun pouvoir dans les décisions artistiques et orientations diverses de la compagnie.

Je le sais. Je le savais que cela se passerait comme ça. On sent ces choses là. Même si, jusqu’au bout, on ne veut pas l’admettre.

Puis, ce qui devait arriver, arriva.

« - Avec tout ce que cela comporte de dégueulasse de notre part, nous avons décidé de ne plus travailler avec toi ! »

Ils m’ont dit ça un soir de novembre, V.G et « l’autre comédien ». Je leur ai demandé pourquoi ? Ils m’ont dit :

«  - Parce que tu es incompétent et non motivé... »

J’essaie d’argumenter mais très vite, je sens la nausée m’envahir. Je sors sans combattre. K.O.

La violence de cet entretien m’a donné  des sensations « d’aquabonisme »... Cela commence seulement à s’estomper, au bout de 25 ans.

Le directeur de la culture me téléphone. Il a appris la nouvelle.

« C'est toi que l'on veut. On provoque une réunion, on vire les deux autres et l'on établit la convention avec toi... Philippe, allons, on se connaît depuis longtemps... »

Je refuse. Je ne veux plus voir les deux autres, surtout pas en réunion. J’ai l’impression qu’ils me boufferaient... Il est consterné et demande à Nadine de me persuader de combattre. Je suis tellement anéanti que je refuse tout en bloc. (Et, plus tard, je culpabiliserai de n’avoir pas levé le petit doigt pour réagir). Je me mets la tête dans le sable. Je « m’auto-détruis » inconsciemment consciemment. Oui, c’est très simple, j’ai perdu mon statut d’adulte et suis redevenu adolescent en pleine crise.

Conclusion : 8 années de travail anéantis. 8 années à travailler dans l'espoir d'avoir, un jour, la reconnaissance de mes pairs et un salaire décent... Pour rien.

Et je ne suis pas au bout de mes "surprises".

Il faut tout reprendre de zéro. Je passe quelques semaines à "errer"…

 

Ne pas dupliquer ou reproduire par quelque manière que ce soit. Texte déposé et protégé par les Lois Françaises en vigueur sur les droits d'auteur.

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9 août 2018

05 !

« Pourquoi, tu ne travailles pas pour un patron ? » Parent. 1983

 

ooooOOOOoooo

 

 L'année 1989 commence bien, oui, oui, l'année du bi-centenaire. L'on donne dans la révolution à tout va. Comme au début des années 70, l’on donnait dans du Jésus Christ à toutes les sauces. C’est la mode. Les commémorations rapportent de l’argent. La culture a ses exigences.

Je n'y échappe pas… A la révolution. Je suis engagé par le Centre Dramatique National pour l'Enfance et la Jeunesse, pour un rôle dans une pièce sur... La Révolution Française. Fini les pâtes à tous les repas, fini… Je vais enfin, et pour la première fois, gagner un salaire décent en pratiquant le métier que j’ai choisi. 9 ans que j’attends ça !

La Révolution a du bon. Moi, j'aime bien la révolution. Bon, pas mirobolant le salaire mais quand même et, de plus, le directeur du C.D.N.E.J (Centre Dramatique National pour l’Enfance et la Jeunesse) m’offre le rôle principal dans sa pièce.

Une "super-production" : environ 15 comédiens professionnels, une cinquantaine de figurants, essentiellement des enfants de l’école d’à côté, un orchestre symphonique (l'orchestre des jeunes du conservatoire), une logistique sans failles, costumières, maquilleuses de cinéma, oui, oui, tout y est ! Ça me change vraiment de mes galères. Je pense à autre chose. Je rêve, je pratique vraiment la vie de comédien.

Un seul bémol : le théâtre pour la jeunesse n’est pas considéré par la profession. Il représente plutôt un « sous théâtre », un « théâtre alimentaire ». La "profession" crache dans la soupe. Un jour ou l’autre, ils l’ont tous fait. Jouer pour des enfants pour bouffer. « Jouer pour des enfants n’est pas jouer ». Mais bon, il y en aurait à dire. J'y reviendrai...

Bon, revenons à notre production : La salle est démontée, le gradin aussi. On le change de place. Il y aura sur le plateau des tonnes de sable et de pavés. L'équipe technique travaille quasiment jour et nuit. Les gars sont sur les genoux.

A part quelques comédiens plus ou moins ronchons, il y a une ambiance du feu de Dieu. On rit, on fait la fête, on boit... Le jour de la dernière… Beaucoup... Moi, surtout... J'en ai besoin. C… est partie, elle a déménagée définitivement. Elle parle d’avocats…

Le spectacle sera joué 7 fois. Impossible de le faire tourner : trop lourd. Mais sapristi, quelle fiesta ! Un excellent souvenir.

Puis, dans la foulée, je tourne un court métrage. J'y retrouve certains...

En juin, l'équipe du "feu de Dieu" se retrouve chez l'un des leurs pour mater la finale de  la coupe de France de foot. On rigole. Je sais plus qui a gagné. Je leur propose, ensuite, de "guincher" sur des disques de Johnny ! (Bah, cela amusait beaucoup la galerie à l'époque. Un comédien qui écoute Johnny : Une curiosité, pas possible ! Ben oui, Bela Bartok m’ennuie beaucoup.) Tout le monde est d'accord. Le seul problème est, que notre hôte n'a pas de cd d'Hallyday. Qu'à cela ne tienne ! Je retourne chez moi en chercher. C’est à 3 kms à vol d’oiseau. On prend la voiture de mon pote. D’ailleurs, c’est lui qui conduit… Vaut mieux. Et là, sous ma porte, il y a un papier... Un petit mot de... Nadine ! Je savais qu'elle avait quitté son copain bizarre. Mais je n'avais pas son adresse. Il n'avait jamais voulu me la donner.

Je lis le petit mot de Nadine. Je m'appuie sur le mur.

- "Quelle chose ne va pas ?" me demande mon pote.

- "Oh non, bien au contraire, c’est une bonne nouvelle..."

Je suis retourné à la fête avec les disques de Johnny sous le bras mais je n'y suis plus. Je passe la soirée sur un transat  sur le balcon. Il fait frais sur cette pierre. Je rêve en regardant le ciel.

- " Philippe ! Qu'est-ce que t'as ? Viens boire un coup ! Tu vas attraper froid..."

- "J'arrive..."

Finalement, je quitte tout le monde. Je rentre chez moi en rasant les murs. L'impression que mes pieds ne touchent pas le sol, que les sons sont (sonssons) ailleurs... Me suis couché. J'avais quand même un peu picolé... Tout tournait. Les murs, le plafond, les souvenirs.

Nadine et moi, on se connait depuis 7 ans. Nous nous sommes rencontrés dans la rue. J'y jouais pour l’occasion :  l'inauguration d'un secteur piétonnier.

Bon mais elle avait son copain, un peu bizarre, et moi, quelques temps plus tard, je m'étais marié. Nous nous voyions de temps à autre... Des couples amis... Rien de plus...

Le lendemain de la finale de la coupe de France de foot, il y a la finale de Roland Garros. J'ai peur d'appeler Nadine. Elle m'a toujours impressionné. Je recule jusqu'au dernier moment. Il faut que je l'appelle mais comment faire pour ne pas dire de bêtises... Paraître zen, intelligent, quoi... Mon pote n'en revient pas : mettre autant de temps pour passer un coup de fil à une "greluche" qu’il me dit... Il ne peut pas comprendre.
A la fin du "tennis je sais plus qui a gagné", je me décide.

- "Allo, Nadine ? Ici, c'est Nadine..."

- " Non ! Nadine c'est moi. Philippe c'est toi !"

- "Ah oui, c'est vrai, moi c'est Philippe... ça va ?..."

Rendez-vous est pris deux jours plus tard. Elle m'invite à manger. Je sais plus non plus pourquoi il a fallu attendre deux jours. J’attends…

Ill faut que je me prépare. Mon armoire à vêtements ressemble à un rayonnage de chez Emmaus, mes chaussettes sont dépareillées, mon pantalon est troué, mon blouson hideux et je suis maigre. Tant pis, j’y vais comme ça. D’autant plus que la copine qui me prête sa voiture s’incruste et je ne peux pas vraiment me préparer comme je veux sans éveiller ses soupçons. Oui, la demoiselle est curieuse. Je la rassure en lui répétant pour la énième fois que je vais voir un copain. Je biaise. J’ai absolument besoin de sa voiture. Je me vois mal faire 20 kilomètres à pieds ou en tramway. Je n’ai même pas l’argent pour prendre un ticket. Mais que l’on se rassure : je n’ai jamais pris un engagement quelconque avec cette jeune personne. Juste une soirée qui… Bref…

Une heure plus tard, le cœur battant, je sonne chez Nadine. Ben oui, c'est bien elle. Belle, souriante... Nous passons la soirée à discuter. Elle me raconte qu'elle a quitté son copain et que cela n'a pas été facile... Je me doute, il était légèrement « possessif ».

Vers minuit, je réprime un bâillement. Nadine le voit, elle me propose une glace à la pistache.

Attention aux glaces à la pistache ! C'est une arme redoutable ! Oui, redoutable ! Parce qu'après en avoir mangée, j'ai passé la nuit avec Nadine. Exit tous les aphrodisiaques, gingembre et autres : La glace à la pistache !!!! Oui, mesdames, oui, messieurs... Ah ! Ah !

Une crème glacée en a décidé.

Quelques jours plus tard, installés à une table de café, Nadine me lance un "je t'aime" surprise... Je sursaute… Failli renverser mon verre. Elle avoue : elle était amoureuse de moi. Je n'en reviens pas. Depuis 7 ans ! Et moi, je n'ai rien vu, absolument rien ! Mais quel âne !!!! Je me demanderais encore pourquoi elle m'impressionnait... Ben oui, moi aussi je l'aime... C'est devenue une évidence tout à coup et bien avant qu'elle ne glisse ce petit mot sous ma porte. Cependant,  il y a des choses que vous rangez dans un tiroir, que vous refusez de voir par souci d'honnêteté, par peur, par je ne sais quoi...

Le lendemain ou le surlendemain du café aux "je t'aime", nous décidons de vivre ensemble. Nadine a trois enfants et moi, tellement d'amour à donner... Moi aussi... Pi à recevoir, pi, et tout et tout...

Et depuis, nous sommes ensemble.

Nous avons fondé une famille du feu de Dieu... Inséparables, complices, amis, amours, comme les cinq doigts d'une main et même de deux mains parce qu'il faut compter aujourd'hui sur les conjoints et maintenant, les petits enfants...

Nous nous sommes mariés trois ans plus tard.

A suivre...

Ne pas dupliquer ou reproduire par quelque manière que ce soit. Texte déposé et protégé par les Lois Française en vigueur sur les droits d'auteur.

7 août 2018

04 !

« Tu veux écrire, toi ?...  Noon… Laisse les textes aux auteurs…» (il secoue la tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel). Metteur en scène 1988.

ooooOOOOoooo

 Un peu de people :

Peu après Avignon, C… demande le divorce. Mon mariage avec elle, ses parents, ses frères et le temple ne se passe pas bien. Le malaise s’installe… Confortablement… Donc, C… demande le divorce ou plutôt non, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé mais comme ça :

Je la vois dans la cuisine, elle fait la vaisselle. Je sais qu’elle est triste et je sais pourquoi. Elle ne sourit plus quand elle est avec moi. Depuis notre retour d’Avignon, nous vivons l’un à côté de l’autre… Vraiment bien « l’un à côté de l’autre ». Je ne peux pas mieux dire. Donc, elle fait la vaisselle. Je la regarde faire. J’ai toujours un espoir, un petit espoir. Je veux en avoir le cœur net, je fais un test : « Dis, si tu veux, on peut se séparer ? » Et, tout de suite, je l’entends me dire dans ma tête, des larmes dans ses yeux :

« Oh non, mon chéri, ce n’est qu’une crise. Si tu veux, on repart de zéro. On fait des choses ensemble. Tiens, si on allait au zoo ? Ça nous changerait les idées. On pourrait rencontrer des singes, des perroquets. Y paraît que les requins sont superbes. Puis on irait au « macdoparcequecestmoinscher », et puis… et puis… ».

J’ai réussi mon test. J’ai bien fait de m’accrocher à ce petit espoir. Elle m’aime toujours, je l’aime toujours…

Elle saute de joie, les mains pleines de mousse. « C’est vrai, dis, c’est vrai ? Tu veux bien divorcer ? Ooooooh, que je suis contente ! Je n’osai pas t’en parler ! Tu te rends compte ? Ma religion m’interdit de quitter mon mari mais si c’est lui qui le demande, c’est différent ! Hiiiiiiii !!!! Que je suis contente. Viens, on va à la pizza paï !

ooooOOOOoooo

J'ai la surprise à l'issue d'une représentation Avignonnaise d'avoir la visite du directeur de la culture de la municipalité où j’ai fait mes premiers pas en tant qu’apprenti comédien puis comédien. Celui-là même qui avait arrangé notre voyage à Bradford en 1982. Il bondit sur le plateau, après le salut, et me dit tout énervé... Enfin enthousiaste :

« La ville cherche une troupe pour sa politique culturelle. C'est génial ce que vous faites. Je te connais bien, depuis le temps... Dépose-moi un dossier en rentrant, c'est urgent ! »

L'idée de revenir dans la ville de mes débuts ne me déplaît pas. J'en parle aux autres, ils haussent les épaules : « Paris, me disent-ils, PARIS !!! »

Vers la fin du mois d’août le directeur de la culture de la municipalité me téléphone : « T'as pensé à mon dossier ? »

Oui, oui, j’y ai pensé… S'il savait... J’ai des comédiens qui courent la bonne aventure sur Paris. Je suis seul dans un appartement miteux à me débattre, entre autres, avec des dossiers de subventions, des déclarations de cotisations, des factures, des dossiers de vente...

Après l’avoir rassuré, je me décide, je commence l'écriture de ce fameux dossier. Quelques jours plus tard, il me reçoit dans son bureau. L'affaire est mirobolante, les budgets sont considérables. La troupe deviendra millionnaire. Le directeur de la culture me dit qu'une réunion à la D.R.A.C (Direction Régionale des Affaires Culturelles, Ministère de la Culture) est programmée. Je sens que j'ai besoin d'aide. Je doute de moi. J'appelle les autres. Attiré par le million, « l’autre comédien », qui pour une fois était dans la région, m'assistera lors de cet entretien. Réunion à laquelle pas mal de choses me dépassent. Je suis comédien, pas chargé de mission, ni directeur de structure (même si la mienne en est une, toute petite), ni.... « L’autre comédien » est aussi embarrassé que moi...

La DRAC nous demande de faire une étude de terrain... Une étude de marché en clair : Visualiser les publics, répertorier les associations culturelles sur la ville ainsi que les scènes potentielles, etc... Etc... Ils nous demandent combien nous faut-il pour ce travail. Nous nous regardons, mon acolyte et moi-même, embarrassés encore plus... Comment chiffrer ça en 10 secondes ? Comment annoncer un chiffre sans être ridicule ? C’est la roulette Russe. A tout hasard, je prononce : 70000 Francs (10600 euros environ). Ils ont l'air content. Je respire. « L’autre comédien » aussi. Je viens de passer six ans à monter des spectacles avec trois francs, six sous. Et là, on me donne 70000 Francs pour faire du "tourisme culturel". Bon mais ce n'était qu'une goutte d'eau en rapport aux budgets qui allaient suivre.

Du coup, V.G et "la comédienne" rappliquent... Tiens... Exit les castings Parisiens ? Ben oui, ça fatigue, c’est cher un tantinet et ce n'est, peut-être, pas aussi bien que ça.

Vite, il faut choisir une autre pièce. Enfin, V.G choisit un auteur. Ce sera Luigi Pirandello, 3 pièces en un acte de Luigi Pirandello. Mon Dieu que c'est ennuyeux ! Enfin, je n'aime pas. Des couples de bourgeois qui se trompent, qui souffrent, qui s’entre-tuent et qui, en plus, réfléchissent sur leur(s) souffrance(s). Ouille, ouille, ouille. A tout casser.

Les répétitions du Pirandello seront pour moi sources de douleurs. Bien qu'il y ait 70000 francs dans les caisses, je n'ai toujours pas un sou en poche. Les répétitions tournent au calvaire. Une fois de plus, j’erre, à l’heure du midi, le long des berges du canal. Je sens, en plus, que « l’autre comédien » veut devenir co-directeur de la compagnie. Ben voyons ! V.G n'y voit pas d'objections. Moi si, je réagis comme je peux. Cette fois le triangle boiteux est vraiment boiteux.

Parfois, lorsque le canal n’est pas bavard, je rends une visite à Nadine qui m'ouvre sa table. J'aime bien la compagnie de Nadine. Nous sommes très complices. C'est une belle fille et elle m'impressionne. Dommage que son copain a des réactions parfois un peu... Bizarres... Je suis quand même gêné et me fais l'effet d'un pique assiette.

En instance de divorce, je suis instable, perturbé… Et trahi ! La compagnie m’échappe, je le sens bien. Les deux autres décident. Je ne paux rien faire. Je bégaye, je fais des erreurs. La confiance en prend un sacré coup et des deux côtés. Il y a des éclats lors des répétitions. J'ai la tête ailleurs. Je n’arrive pas à dire que je suis opposé à la nomination d'un troisième co-directeur. Cependant, il faut que le spectacle se monte. Je prends sur moi…

Ensuite, je dois jouer nu sur scène aux côtés de la comédienne qui doit être nue, elle aussi. Une idée de V.G. il aime bien ça, le nu. C'est une grande mode en 1988 et encore aujourd’hui. Le nu au théâtre, au cinéma... Et merde... V.G veux que je sois nu avec « la comédienne », (derrière un tulle mais bon…), et, surtout que l'on se caresse. Serait-il un frustré sexuel ? Dans un premier temps « La comédienne » et moi, nous refusons. C'est en rentrant d'une mes ballades de midi que j'apprends que, finalement, elle accepte. Ils l’ont eue autour d’un repas. Arrosé ? Je sais pas. Je résiste puis bien malgré moi, je dois obtempérer. L’ambiance est assez tendue comme ça, si j’ose m’exprimer ainsi. Eh ben,  ce n'est vraiment pas agréable, je vous l'assure. Etre nu avec une fille nue que vous caressez vous expose à des problèmes de flux sanguin même sur une scène de théâtre. Vous ne pouvez rien y faire, c'est physiologique. C'est encore plus dur (encore une fois, si j'ose m'exprimer ainsi) lorsque qu'il faut, par la suite, essuyer les railleries et les moqueries. Evidemment, les yeux hors de sa poche, la donzelle s’en vante !

« Comment ? Tu ne te « contrôles » pas ? Il faut te faire soigner !... »

Je souris…

Finalement le "Pirandello" est joué : Bon, sans plus. Si ! Les intellos se gargarisent et nous devenons une troupe prometteuse et incontournable dans la région.

Nous nous séparons pour quelques temps, le temps des fêtes de fin d'année. Ouf, il était temps.

Je suis bien au fond de mon trou, désormais seul dans mon appartement bien froid... Mais qu'est-ce qui pousse un être humain à continuer ?

 

A suivre...

 

Ne pas dupliquer ou reproduire par quelque manière que ce soit. Texte déposé et protégé par les Lois Françaises en vigueur sur les droits d'auteur.

7 août 2018

03 !

« Il faut savoir reconnaitre ses limites. Toi, tu lances les choses, puis... » Metteur en scène. 1988.

ooooOOOOoooo

Je quitte le conservatoire. Je ne peux assurer en même temps la gestion d’une compagnie et des études. Même si ce sont des études artistiques. Le directeur de l’école me demande la raison de ma démission. Il n’en croit pas ses oreilles. J’invente… Je ne peux lui dire que je travaille déjà… Que je monte une nouvelle pièce. Il pourrait se vexer : quitter l’école la première année… Impensable. Je lui dis que je ne m’entends pas avec les élèves. (Ce qui n’est pas tout à fait faux.  Pourquoi ? Il y en aurait à dire. Difficile, je ne me sens pas à ma place. L’éternelle histoire de « lutte de classe ». Ils ambitionnent tous de monter sur Paris pour faire carrière. Moi, je n’en ai pas les moyens. Cela me rend un peu jaloux et un petit peu en colère. Alors, je m'invente un projet culturel à domicile. Comme le voulait le chargé de mission D.R.A.C. Je m’en persuade : il y a des choses à faire en région. Et puis, j’ai horreur des grandes villes).

  "Si le problème avait été avec les professeurs, je pouvais faire quelque chose, mais avec les élèves", me dit le directeur du C.N.S " je ne peux rien faire. Je pense que tu feras carrière. Tu es un bon comédien."

Je prends le compliment au passage. Ça fait toujours plaisir.

En ce début d’année 1987, il faut transformer l’essai du Diderot. Une comédienne au chômage nous propose, donc, une pièce américaine : l'histoire sordide d'une vengeance suite à un viol collectif. Etrangement, nous obtenons l’autorisation très rapidement de la part de l’auteur Américain pour jouer sa pièce mais pas celle du traducteur Français qui, lui, prétend qu’il ne donnera pas ses droits si nous n’avons pas le décor du drame, le "4ème personnage" qu’il dit. En l’occurrence, une presse à papier de 5 mètres de haut. Nous verrons qu’il s’agira d’un décor splendide tout en bois (sauf les roulements du chariot) imitant superbement l’aspect du métal. L’avantage du bois ? Ma qué !!!! C’est vraiment plou léger ! Vive les décorateurs ! Il y en a "des" qui font du bon boulot !

Par contre, il nous donne l’adresse du directeur de la troupe qui a créé la pièce en France un an plus tôt. Et c’est ainsi, que par un beau dimanche de printemps, je pars au volant d’une camionnette 23m3 du côté de Montargis récupérer une presse à papier. Je suis vraiment tenté de chanter : « Y’a d’la joie ! Bonjour, bonjour ma camionnette, y’a d’la joie etc… »  J’avais des coliques, ce jour-là. Ben oui, ça arrive : l’enfer. Plier en deux toute la journée sur les routes de France et de Navarre au volant d’un véhicule de location avec 20m3 de décors derrière. Le pied ! Il ne pleut pas, c’est déjà ça.

Heureusement, ledit directeur est sympa. Il est même content. Il vient de signer un contrat qui lui assurera son avenir. Il sera, dans les mois qui suivent, l’un des acteurs principaux d’une grande série télévisée policière sur TF1.  

Bien ! De retour à la maison, le décor dans le garage du Tonton, le traducteur nous donne son feu vert. Les répétitions commencent. Ce théâtre est violent, réaliste, parfois drôle mais on rit jaune. Le genre de pièce qui plaît beaucoup aux « théâtreux » parce qu’il autorise des « performances » d’artiste (le monde aime bien ça : les performances !) : l’occasion de déballer ses tripes. Du sexe et de la violence, regardez mes tripes : leitmotiv ! Voilà l'ambiance. Idéal pour jeunes comédiens opportunistes. A ce jour, nous sommes désormais quatre dans la troupe. 2 comédiens, 1 comédienne et 1 metteur en scène. Une espèce de triangle boiteux. Les trois compères sont issus de la même promo du conservatoire… Et il y a moi, à côté...

Quand je dis troupe, c'est une façon de parler. En fait, je gère tout. L’administration, les dossiers de subventions, les relations publiques, la maintenance, le transport, la manutention, etc… Les 3 autres ont des appartements sur Paris. Ils veulent y faire carrière. Ils viennent répéter, jouer en proviance mais c’est tout. Parce que c’est à Paris que tout se passe. Si l’on veut devenir une vedette, une star, cela commence par un téléphone, une adresse, une présence parisienne. Les directeurs de castings n’ont que faire des comédiens de province. Ils ne tiennent pas à payer des frais de déplacements, à attendre des comédiens qui ont raté leur train, etc et tout et tout… Sont pas des pigeons non ? Pas de temps à perdre. Et si jamais ils embauchent des comédiens régionaux, c’est uniquement parce qu’il y a des « extérieurs » à tourner en région et qu’un rôle à une phrase genre : « Madame est servie » est bien suffisant pour un comédien de autochtone et surtout, évidemment moins cher. Tous les premiers et seconds rôles sont distribués à ceux de la capitale. C'est comme ça, personne n'y trouvent quelque chose à redire. La tradition, la coutume, le "conservatisme"... Enfin...

Donc, mes trois acolytes, quand ils ne sont pas en répétitions "chez moi", sont pour l’heure provisoirement dans la capitale. Ils courent les saints castings. Ça leur coûte un max, mais ils sont intelligents : c’est un investissement. Et puis une adresse et un téléphone parisiens sur une carte de visite, ça en jette un max ! La troupe en province, c'est au cas où.... Au cas où l'opportunité de ce côté là trouve un chemin propice pour gagner de l'argent. Bon pour l’instant, c'est en province que ça se passe. On ne peut cracher dans la soupe en permanence. Ce serait ennuyeux. Et puis, une bonne soupe de temps en temps, ça nourrit son homme et ça vous permet de continuer à courir les castings saint-machin, d’alimenter… heu… Oui, je l’ai déjà dit. D'ailleurs, la première lecture de la pièce se fera en banlieue Parisienne, chez V.G. Me voilà de nouveau sur les routes avec ma pauvre 104 Peugeot. Je frise la panne d’essence sur le périf. Au départ, je m’étais trompé de carburant. J’ai mis du super ou lieu de l’ordinaire. Pas de sans plomb à l’époque : super ou ordinaire. L’erreur de carburant dans la « chignole » a fait que j’ai consommé un plein en 200 kms ! D’où ma grande angoisse sur le périf en surveillant la jauge du tableau de bord en pleine heure de pointe, en plus. Je m’en suis sorti tout juste à temps. Sais pas pourquoi, je raconte ça. Ça m’est resté gravé…

Donc, pendant que je me débats avec les menues réjouissances de maintenance énumérés plus haut, mes « trois sires » attendent tranquillement, au pied de la tour Eiffel.

C’est un peu plus tard que, débordé devant l'ampleur de la tâche (répétitions, dossiers, paperasses diverses et variées), j'abandonne la classe du Conservatoire.

Les répétitions se passent... Le travail est difficile et le triangle de plus en plus boiteux. Je laisse s’installer une habitude, une mauvaise habitude.  J’essuie des railleries de mes compères. Vraiment, je ne connais pas la raison de cet état de faits. C’est le 3 contre 1. Une tribu se déchaîne sur un élément isolé. Histoires de clans ? De famille ? De reconnaissance ? La lutte des classes ? Je laisse trop de prise ? Je ne sais pas. Il ne s'agit pour l'instant, que de plaisanteries, comme ça, « entre nous », pour rire. Je me retrouve à l’extérieur des pointes du triangle. J’ai du mal à réagir. Je pense que je dépends d’eux. Sans eux, ma compagnie n’existe pas. Du moins, je le crois et je le croirai longtemps. En attendant, je gère mon quotidien. Nous répétons dans une salle à l’extérieur de la ville, enfin dans une autre ville... Je n’ai pas d’argent pour le restaurant. Je n’ai plus de bourse d’étudiant et pas de revenus. Je ne peux chercher du « travail » puisque je répète toute la journée et toutes les journées de la semaine. Souvent, le midi, je prétexte que j’ai un ami à voir ou des courses à faire. Je balade le long du canal attendant qu’ils finissent leur repas au resto et revient l’après-midi après mes « courses ». Un petit air Hugolien, j’en conviens mais je ne joue pas les Misérables. Encore une fois, je relate des faits.

Le spectacle se monte et se joue.

Le Directeur de la Scène Nationale d'à côté nous dira que c'est l'un des 10 meilleurs spectacles qu'il ait vu ces 10 dernières années. C’est beau quand même le chiffre 10 ! Ah ! V'là qui m'rassure mais mon porte-monnaie n'en a cure. Il reste désespérément vide. Les recettes sont très minces et les subventions, non encore perçues, suffiront à peine à payer le décor et autres frais annexes.

Gonflé d'orgueil, V.G prétend qu'il faut, à tout prix, faire le festival d’Avignon. C'est un chemin incontournable, assène-t-il. Je n'avais jamais entendu parler d'Avignon... Il argumente : il ne faut pas rester des petits comédiens régionaux. De toute façon, si on ne fait pas Avignon, on tentera Paris qu'il dit encore. Arrrrhhh ! Paris ! Encore une fois Paris ! mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec Paris ?

Décision est prise, nous partirons pour Avignon en juillet 1988. Je dois m’incliner devant l’avis du plus grand nombre. Cela s’appelle la démocratie. Un relent de « marche ou crève ». Le spectacle est prêt. Il n'y a plus qu'à...

J'ai quand même un problème. Ayant quitté le conservatoire, je n'ai plus de bourse. Je l’ai déjà dit mais ça prend vraiment la tête.  C... fait des petits boulots, cela suffit à peine à assurer le quotidien. Alors, partir dans le sud de la France ?... Pendant un mois ?...

Je dois trouver de l’argent à tout prix. Reste à savoir quel est le prix de l’argent ? Je l’apprendrai. En dernier recours, je téléphone à ma famille. Je sais qu'ils sont tous bien établis et n'ont pas de soucis de ce côté-là. Je leur en demande un peu, en prêt, je leur explique : Avignon... Comédien... Troupe... Théâtre... Avenir… Contrats… Argent… Ils me donnent, tous, une fin de non recevoir. Je reste effondré sur mon téléphone, la honte en prime…

Le jour du départ, enfin… Evidemment, c’est avec ma voiture que nous embarquons les ¾ de la troupe. Un comédien se rendra sur place par ses propres moyens. Me demandez pas comment je faisais pour posséder un véhicule ? Je ne me souviens plus. Je sais que c’est une voiture que l’on m’avait donnée. La compagnie payait l’assurance. Au moins ça, à défaut de salaire. Pour le carburant, je roulais quand je le pouvais.En fait, je m’en souviens très bien. Le décor suit en container SNCF, 20m3.

Je dispose en tout de 1000 francs pour le mois (150€). C’est tout ce que j’ai pu rassembler.

Au camping d'Avignon, une fois les frais de séjours payés, il me reste à peine 500 francs (75€). Pour un mois, cela va être dur. Les autres font pot commun pour la nourriture. Evidemment, je ne participe pas. On nous regarde légèrement de travers, C… et moi. Ils soupçonnent bien un peu notre situation mais n'osent trop y croire. Il y aura des jours où je jouerai le ventre vide. Je commence à avoir l’habitude. Souvent à l'heure des repas, je me couche dans ma tente prétextant que je n'ai pas faim et que j'ai besoin de me reposer. Les 10 derniers jours, nous mangerons avec les autres, de guerre lasse, en essuyant, une fois de plus, les railleries. Un ventre vide est très tolérant, je vous l'assure...

Bon, pour l'instant, nous sommes la risée d'Avignon. Débarquer au festival avec 20m3 de décor ! Faut-il être inconscients !

Souvent, les compagnies ont une chaise pour tout accessoire, trois bricoles... Nous devons faire des répétitions de montage. Notre salle est louée pour deux heures. Durant ce temps-là, il vous faut monter le décor, jouer le spectacle, démonter le décor pour laisser le plateau vide pour la compagnie qui vous suit.

Lorsque vous faîtes le festival, il y a toujours des poissons pilotes autour de vous ou des parasites... Une troupe de 4 personnes peut facilement se retrouver à 10 voire à 15. Cette année là, nos poissons pilotes n'ont pas de chance. Ils travaillerons la nuit pour apprendre à monter et démonter le décor en 10 minutes.

Le jour de la première, nous avons 40 personnes dans la salle. Il paraît que c'est inespéré. Beaucoup de copains... Le spectacle commence... La comédienne, très énervée, me crève le tympan en me donnant une gifle. Elle vise mal et sa main fait ventouse sur mon oreille. Ça ne pardonne pas. La gifle était prévue dans la mise en scène. C’est rassurant. Je tombe en arrière. J'entends un grand sifflement, le son est diminué par deux et je n'entends plus ma voix. Malgré tout, je termine le spectacle en me disant que ce satané sifflement finira bien par cesser.

Je termine la soirée à l'hôpital d'Avignon. Comme la pièce s’achève également dans le sang et que j'ai de la gouache rouge sur le visage, l'interne me prend pour un s.d.f. Il est rassuré quand je lui explique.

Trois jours plus tard, je subis une intervention chirurgicale sous anesthésie générale. Je suis quand même sur le plateau, le soir. A Avignon, on n'annule pas !

Quand je pense que ce crétin de « V.G » voulait me faire courir autour du camping pour s’assurer si, physiquement, je tiendrai ma place ce soir-là… Je l’envoie paître pour la première fois. J’en raconterai d'autres...

De retour d'Avignon, en reprenant contact avec ma liste de programmateurs ayant assisté au spectacle, nous pouvions jouer à Grenoble, à Lyon, et autres villes j’ai oublié les noms. Je dois malheureusement décliner l'offre de ces gens. En effet, j'ai des comédiens qui courent les « castings saints ». Ils sont tous à Paris et ne veulent pas revenir pour 3 ou 4 représentations en Province.

Je reste donc seul à gérer la paperasse, une fois de plus.


En cette fin d'année 1988, j'ai vraiment l'impression d'être au fond d'un trou...

A suivre...

Ne pas dupliquer ou reproduire par quelque manière que ce soit. Texte déposé et protégé par les Lois Françaises en vigueur sur les droits d'auteur.

7 août 2018

02 !

« Nous, on s’en fout de l’avis du public ! Ce qui compte, c’est l’avis des professionnels. » Comédienne. 1987

ooooOOOOoooo

Un petit détour dans la rubrique : « people »…

En 1985, je me marie avec C... dix jours avant mon départ au Service National. Je me dis aujourd’hui qu’il fallait être fou ! Non pas de se marier… bon… mais de se marier dix jours avant la caserne. De plus, la donzelle est fille de pasteur... Si, si ! C’est vrai. Fille du chef prêcheur d’un beau « repère » d’évangéliques baptistes !... Rien à voir avec les « sadiques-pervers-militaires » mais bien gratinés quand même. Principalement des gens nantis qui n’hésitent pas à éduquer, à juger, à condamner et à « exécuter ». Des caricatures ! Ils iront jusqu’à me traiter  de « Suppôt de Satan », comédien hérétique (il y a une scène dans le film « Molière » d’Ariane Mnouchkine ou les comédiens se font insultés d’hérétiques par un prêtre. Je crois que la scène est juste d’un point de vue historique. Ce qui prouve bien qu’en plus de 300 années, les mentalités n’ont pas beaucoup changées), fainéant et bon à rien ! Et pour cause, la fille du pasteur qui noue ses draps de lit pour s'enfuir de la maison familiale où l'avait enfermée son père. (Très théâtral tout ça. Un petit côté Roméo et Juliette). J’ai bien essayé de l’en dissuader : « Heu… C’est dangereux de nouer des draps de lit. Ta chambre est à l’étage. Tu n’as pas peur que ça ne tienne pas ?… » Rien n’y fait. Elle court rejoindre son petit copain, son petit ami, c’est-à-dire : moi. Enfin, je l’attends dans la voiture, au coin de la rue. Nan ! Nan ! Nan ! Ce n’est pas un film mais bien la réalité. J’ai du mal à y croire. Pour pimenter cet épisode inédit, ladite fille de pasteur est mineure. Je deviens tout à coup un hors la loi. Dans l’urgence, nous nous réfugions chez quelqu'un. Je vous en parlerai… Dans les jours qui suivent, après nous avoir cherchés, en vain, le pasteur démissionne, abandonnant le temple à ses brebis. Il leur dit qu’il ne peut plus sermonner, étant incapable de faire régner « l’ordre » chez lui. Les ouailles crient : « Au crime ! A la trahison ! A l’hérésie ! Au poteau ! » Cela ne m’étonne pas : je n’ai jamais eu leur sympathie. Par contre, j’aurai la haine du pasteur pendant plus de douze mois. Enfin, je crois que je l’ai toujours eu. Sauf qu’au bout de douze mois, il range les armes et m’accepte à sa table, pour la paix de la famille et, bien sûr, dudit temple où il s’empressera plus tard, au culte du dimanche, de me « pardonner » d’avoir si mal agi… Peut-être est-il sincère ? Je ne sais pas… Mais qu’ai-je donc fait ? Si ce n’est que d’être là lorsque sa fille n’a plus supporté les restrictions religieuses familiales ! Comme, il me le disait, peu après « l’évasion » de sa fille, devenue « femme » : « Comment as-tu pu faire « ça » à une gamine de 17 ans ? »…

A son avis ? Oui, comment ?...

************ 

1986. En revenant du service militaire (je passe sur l’épisode « militéro-guignolesque ». J’y reviendrai peut-être dans une rubrique « anecdotes »), je fais 3 choses :

- A tout hasard et en attendant, je m'inscris comme demandeur d'emploi à l'Agence Nationale Pour l'Emploi. Je suis reçu par un prospecteur placier (ils s’appelaient comme ça, à l'époque). Je lui explique mon projet : je veux créer ma compagnie de théâtre, tenter l'entrée dans un "Conservatoire National Supérieur", et devenir comédien professionnel. Il m'écoute pendant 20 minutes puis me pose la question suivante : "Bon, à part ça, vous avez un métier ?". J’en reste bouche bée. L'A.N.P.E me proposera un peu plus tard de ranger des cartons dans une grande enseigne de distribution de vêtements. Evidemment, je refuse.

- Je créé ma compagnie de théâtre.

- En septembre 1986, je tente le concours d'entrée au Conservatoire National Supérieur. Je le réussis. Je serai donc, dans un premier temps, « étudiant-apprenti-comédien-boursier ».

En avril 1986, n'étant pas sûr de réussir ce concours et, en attendant, je décide de mettre une pièce en chantier. Je verrai bien. « V.G… » accepte de jouer avec moi et d’assurer la mise en scène. Je le connais parce qu’il était l’un de mes partenaires dans le « Goldoni », que je l’ai aidé quelques années plus tôt à tenter le même concours et qu’il l’a réussi également. Je n'obtiens pas l'autorisation de l'auteur pour monter sa pièce.  « V.G » me propose alors un texte de Diderot adapté par un comédien Français bien connu. Celui-ci nous accordera les droits de son adaptation.

Cette année se terminera sur ce spectacle. Etant élèves au C.N.S (Conservatoire National Supérieur), nous avons évidemment la visite des instances culturelles régionales. En tant que « Directeur » de la compagnie, je suis convoqué à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles, Ministère de la Culture). Le chargé de mission me demande quel est mon projet culturel. J'hésite… Je n’en ai pas et je ne me suis jamais posé la question. Je ne peux pas lui dire de crainte de passer pour un naïf.  Puis, je ne me sens pas de monter à Paris. Je n’en ai pas les moyens. Mon portefeuille est plat. Cela aussi, je ne peux pas lui dire. Comment lui expliquer qu'un jeune comédien préfère créer sa troupe et travailler en région plutôt que de courir les castings parisiens ? En fait, là est mon projet. Il paraît à cet instant bien peu ambitieux. Je balbutie. J'essaie de lui expliquer... Il me dit néanmoins qu'il garde un « œil » sur nous... Enfin, sur la compagnie…

Pour la petite histoire, nous avons eu un public assez conséquent pendant les représentations (7 au total) de notre spectacle. Je me suis demandé pourquoi. Pourquoi tant de monde ? Nous étions totalement inconnus. Bien sûr, nous avions collé des affiches un peu partout, obtenu une interview dans une radio locale influente. Et pourtant, nous jouions dans une salle non équipée, sans aucune programmation, au sein d'un quartier isolé de la mégapole. J'ai compris pendant la semaine. Sur l'affiche, il y avait écrit en grosses lettres le titre de la pièce et deux noms : Denis Diderot et celui du comédien connu. Beaucoup de personnes s'attendaient à le voir apparaître sur scène. Je les entendais chuchoter tout au début du spectacle : « C'est lui ? Non ? Tu crois ? C'est lui ? » Quand à Diderot, je me demande qui ils espéraient voir... A méditer.

C’est un beau petit succès. Les articles de presse sont bons. Ce coup d'essai est encourageant. Du côté de l'école, du C.N.S, ce n'est pas la même histoire. Il est mal vu que je me prétende déjà comédien alors que je ne suis qu'un apprenti. Les élèves me le font sentir. J’essuie des regards goguenards, des railleries insidieuses et pas un mot d'encouragement. Quand aux profs, ils n'aiment pas beaucoup que leurs élèves fassent des « escapades ». Ils sont persuadés que c'est comme cela que l'on cultive des défauts. Ah, bon ? Je n'y avais jamais pensé...

Les initiatives sont souvent synonymes d'aberrations dans l'esprit Français.

C'est dommage...

 

A suivre…

 

 Ne pas dupliquer ou reproduire par quelque manière que ce soit. Texte déposé et protégé par les Lois Françaises en vigueur sur les droits d'auteur.

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1 août 2018

01 !

« A part ça, vous avez un métier ? » Prospecteur placier. A.N.P.E 1983

 

En 1979, j'entre au conservatoire, dans la classe d'art dramatique... Par hasard mais pas seulement... Non, non, je n’ai pas eu de révélation. Je ne me suis pas réveillé en pleine nuit, tremblant de sueur, en me disant : « C’est ça ! C’est ça que je veux faire !!! Je veux être comédien !!! Tout comme le vent et les arbres de la forêt ne m’ont pas donné le souffle de l’inspiration divine en me promenant comme un poète égaré ou désemparé grâce à un chagrin d’amour impossible parce que c’est beaucoup plus beau et plus romantique. Non, non, non...

Toute cette histoire commence en 1977. Je marche simplement sur le trottoir de la ville, mon B.E.P.C (aujourd’hui, Brevet des collèges) en poche. Quand, tout à coup, mon copain devient tout rouge. Lui aussi marche sur le trottoir de la ville à mes côtés avec son B.E.P.C dans la poche, et, en face de nous, une fille marche également sur le trottoir de la ville. Elle vient à notre rencontre, par hasard certainement. Va-t-elle chercher son B.E.P.C où l’a-t-elle déjà en poche ? Je ne m’en souviens pas. Pas de quoi devenir écarlate. Mon pote connait la donzelle. Je comprends, du coup, sa couleur. Pas qu’il soit timide, il est roux et les rouquins : ça rougit. Sais pas pourquoi. Bon, on n’a pas marché sur le trottoir d’une autre ville ni sur celui d’en face : trop tard. Nous nous arrêtons devant la demoiselle.

-      « Oh ! Je fais de l’art dramatique, (c’est quoi ça : de l’art dramatique, me dis-je ?) du théâtre (aaaahhh….) », qu’elle nous dit après nous avoir dit bonjour et dit encore quelques autres trucs, « Je suis au conservatoire. On manque de mecs ! (donc, il y a plein de filles en déduis-je.) Vous ne voudriez pas venir ? »

Voilà ma révélation ! Original, non ? Je connaissais bien le théâtre. Je ne manquais jamais « Au théâtre ce soir » à la télévision.

Deux mois plus tard, dans mon lycée technique, nous sommes 300 mecs... Et 4 filles ! Quel ennui. Quelle concurrence ! Pourquoi ai-je atterri dans un lycée technique ? Mystère... Je voulais faire de l’électronique, à l’époque. Bricoler des amplis pour « incendier » tout le quartier à grands coups de décibels. Mais avant de faire ça, il faut montrer patte blanche. Se taper un an de mécanique : tournage, fraisage, rabotage, etc… Pendant mes longues heures de solitude, devant d’énormes machines, je regarde avec envie les salles remplies de transistors et de condensateurs réservées aux premières et aux terminales. Je n’y mettrai jamais les pieds. J'ai horreur de la mécanique, du suif et des machines monstres prêtes à te broyer les doigts. Par la suite, j’ai redoublé, triplé pour finalement atterrir dans un lycée à vocation commerciale et tertiaire…

C’en était trop ! Je me suis souvenu de cette fille sur le trottoir. J’ai donc poussé la porte du conservatoire.

J’ai fait trois tentatives. La première, c’était un soir. J’y suis resté une heure. Mon pote tout rouge, lui, s’est incrusté. Effectivement, il y avait des filles. J’ai eu peur : je suis timide. Je n’avais que 15 ans…

La deuxième, un an plus tard, restera un souvenir statue. Du socle de mes 16 ans, je me suis débattu avec un texte de Musset jusqu’à ce que le professeur me cimente avec des : « Tu fais du sport ? », « Tu as des copains ? », (………. ?), « Va faire du sport... Retourne avec tes copains… ». Il est vrai que je ressemblais à un « piquet tout droit » sur le plateau avec, en plus, un accent de région qui aurait fait hurler Alfred.

Je suis donc allé faire du sport.

Sais pas pourquoi j’ai fait une troisième tentative. Deux années ont passées. Toujours avec Musset sous le bras. Cette fois, le professeur m’accueille. Elle ne me parle plus de sport, et prépare même avec moi mon concours d’entrée, que je réussis. Je passe 3 années dans ce conservatoire. J'aimais bien les spectacles que l’on montait fin juin pour clôturer l’année et assurer le passage dans la « classe supérieure » (même si nous avions toujours le même professeur) parce qu'après, on faisait la fête tous ensemble. En 1983, j’obtiens un 1er prix d’art dramatique. Soirée mémorable qui se termina au bout de la nuit, à la terrasse d’un restaurant. Mon pote tout rouge était devenu vert ! A l’époque, je n’avais pas compris pourquoi.

« Ce n’est pas ça qui te donnera du boulot ! » m’avait-il dit. « Ça !», c’était mon premier prix qu’il désignait ainsi.

1er prix d'art dramatique, je m'en étais pas mal tiré... Pour quelqu'un à qui l'on avait conseillé d'aller faire du sport. Eh ben, je me suis cultivé et rien que pour cela je remercie ce professeur qui m’avait appris à lire le théâtre et qui avait eu l’humilité, ce soir-là, de s’excuser de m’avoir si brutalement renvoyé 3 ans plus tôt. J’avais 21 ans et elle, en avait plus de soixante…

Cependant mes études d'art dramatique ne se sont pas passées vraiment tranquilles. Ben non, cela aurait été trop simple. J'ai commencé à travailler dans des compagnies à partir de 1982, alors que j’étais encore élève de la classe d’Art Dramatique. Ma première compagnie était… enfin… c’était celle de mon pote tout rouge. Il en était le « chef » ! J’ai débuté en jouant des textes de William Shakespeare ! Une bonne école. Un montage de textes, de scènes choisies. La troupe issue de la promotion précédant la mienne au conservatoire avait besoin d'un comédien pour faire le narrateur entre les scènes. Pas très gratifiant mais je suis là ! Puis, l'un des comédiens de ladite troupe réussit son concours d’entrée au conservatoire de Paris. Evidemment, il nous quitte. Je le remplace dans ses scènes après bien des négociations. Ben oui, débuter avec du Shakespeare, il faut convaincre. C'est une autre comédienne qui fera la narratrice désormais.

Et nous irons jouer en Angleterre, à l'université de Bradford. Jouer Shakespeare en Angleterre et en Français, voilà un « exploit » qui me fait encore sourire aujourd'hui. Nous avions 20 ans à cette époque. Quand j’y pense, jouer Othello à 20 ans, blanc comme un comprimé d’aspirine en prime ! Il fallait oser… Aaaah, l’insouciance de la jeunesse. Mais, sans elle, je n’aurais pas vécu cette expérience. Je me souviens des rues de Bradford envahies par les oiseaux, des milliers d’oiseaux. Une atmosphère à la Hitchcock ! Une belle angoisse, quand même. A l’Hôtel de ville, nous sommes reçus par Madame la Maire. Nous apprenons par la suite qu'elle est également arbitre au tournoi de tennis de Wimbledon. Ça ne s’invente pas.

De retour en France en cette fin d'année 82, nous montons une pièce de Georges Feydeau avec une tournée dans les clubs et hospices du troisième âge de la ville, une volonté municipale. Un contrat qui rapportait un peu d’argent. Moins marrant.

1983, la troupe a le vent en poupe. Nous gérons le théâtre municipal.  Projet culturel, promesses avant les élections. Nous montons un classique Italien du XVIème siècle. Un gros pari… Trop gros pari. Une dizaine de comédiens, 2 décors, une régie conséquente. Nous avions sélectionné les comédiens sur audition. La seule fois de ma vie où j’ai fait parti d’un jury. Ça fait drôle parce que certaines personnes, ce jour-là, en face de moi avait deux fois mon âge. Je me rends compte, à cette occasion, un peu de ce que peut-être le pouvoir.

 Je joue deux rôles dans la pièce. Les répétitions sont pénibles. Je mène de front mes études au conservatoire. De plus, nous faisons, mon copain tout rouge et moi-même, n’importe quoi au niveau trésorerie : des indemnités versées sans déclarations (si nous avions dû déclarer des salaires, la pauvre subvention municipale n’aurait pas suffit à l’appointement. Donc, pas de spectacle possible donc hommes politiques pas contents. Nous y sommes allés quand même ! Allez hop ! Sans déclarations. C’était sans compter la bienveillance de certains des comédiens de la distribution. L’un d’entre eux nous a signalé aux autorités fiscales. Et ils étaient peut-être plusieurs. Je ne le saurai jamais). Nous nous en sortons tout de même avec un simple courrier aux administrations compétentes. Le président de l’association qui gérait la compagnie à l’époque était une fine plume en ce qui concerne les courriers administratifs. Mais bon, je l’ai vu, malgré tout, trembler lui aussi. Il ne rigolait pas. Bien qu’ayant signé les chèques, je n’étais pas inquiet. L’insouciance de la jeunesse. Mais, à l’époque, c’était plus cool.

Puis, la tête de mon pote tout rouge commence à enfler et je ne me sens pas bien

Nous sommes engagés tous les deux pour une pièce de café-théâtre, par l'auteur de ladite pièce, en juillet. J'ai aimé. J'en garde un bon souvenir. Un peu plus tard, ledit auteur et mon pote tout rouge remonteront cette pièce tous les deux, dans leur coin, bien évidemment sans m'en avertir. La première trahison, ça fait quelque chose. Ici, la valeur artistique n’est absolument pas mise en cause. Il ne s’agit que d’une opération de relations publiques et de cocktails arrosés. Je n’ai jamais su faire des courbettes avec des coupes de champagne dans les mains. A chaque fois, je perds l'équilibre. Et je ne saurai jamais… Je suis jeune, je me relève.

1984, les promesses électorales tombent à l'eau. Les élections sont passées par là. L'équipe municipale vire de bord et nous nous retrouvons tout bonnement à la rue. C’est un épisode que je vivrai plusieurs fois dans ma carrière. La politique se joue de la Culture. Nous montons de nouveau un Vaudeville, cette fois-ci, d’un auteur différent. Encore les foyers troisième âge. Il y a une ambiance de réchauffé et de fin de règne.

En 1984, mon pote tout rouge veut engager Jean Louis Trintignant (sic) pour jouer dans l'adaptation d'un roman policier que j'ai écrite avec A... Comment peut-il s’imaginer qu’une petite troupe provinciale sans le sou puisse subvenir aux besoins et désirs (caprices ? Pour J.L Trintignant, je sais pas...) d’une vedette de cinéma ? Je me pose encore la question aujourd’hui.

Là, c'en est trop, je pars. Monsieur Trintignant ne viendra pas, bien évidemment...

1985, cette année-là je pars au service militaire. Eh oui, je n'ai pas réussi à jouer les « débiles » aux 3 jours. Bien que ce soit une pratique courante chez les artistes, je ne sais pas jouer la comédie dans la vie. Je passe donc douze mois dans une caserne. C’est la première fois que j’ai affaire à une bande de sadiques pervers, totalitaires et bêtes. J'ai le malheur de leur dire que je suis comédien dans le civil. La réputation de ce métier est tenace : nous sommes instantanément étiquetés fainéants, homosexuels ou hétéro/partouzeurs et j’en passe. Chez les hommes d’armes, ça ne pardonne pas. Pendant un an, ils s'évertueront à me faire goûter toutes les "joies" du trouffion. Je fais parti de toutes les manœuvres du régiment sans exception, été comme hiver. Je tire à toutes les armes possibles et imaginables. Du pistolet 9mm à l'obus de 30 en passant par la grenade la mitraillette et le fusil d’assaut. Moi qui ai horreur des armes à feu. Bien sûr, je rate toutes les cibles. Sur la fin, je le fais exprès. Cela fait hurler le Maréchal des logis chef. Tant pis pour lui, il est vraiment trop bête. Là-bas, c’est simple : il y a les bons et les méchants. Les méchants Soviétiques et les bons Américains. C’est tout simple, c’est comme ça, à cette époque, que l’on endoctrine la jeunesse du pays. Comme dans un western : les bons blancs et les méchants « indiens ». Avec la notion d’obéissance absolue : marche ou crève on s’en fout ! Ça me rappelle quelque chose. De quoi bondir. J'en ressors, 12 mois plus tard, vidé. Mes cauchemars s'alimenteront de ce cadre et de ces tristes sires pendant plus de 10 ans.

En 1986, les Conservatoires Nationaux supérieurs fleurissent un peu partout en Province. Une idée des Socialistes fraîchement au pouvoir. Sorti de mes obligations envers la nation, je tente le concours d’entrée dans l’un d’eux et obtiens le sésame. J’y reste un an. Ce sont mes premiers contacts avec la bourgeoisie intellectuelle pseudo-catholique.

Je retiens une ambiance de suffisance, de complaisance, le droit d’obtenir le culot de critiquer le monde ouvertement sans vergogne parce que l’on vous octroie le statut d’artiste. Que l’on vous fait comprendre que vous êtes « supérieurs ». Vous êtes, donc, les empereurs du quartier, les Jules César du pâté de maisons, les stars du café de la poste et les "clowns" de la profession !

Voilà, je survole rapidement mes années d’études. Là n’est pas le plus important.

A suivre...

Ne pas dupliquer ou reproduire par quelque manière que ce soit. Texte déposé et protégé par les Lois Françaises en vigueur sur les droits d'auteur.

 

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